L’expert militaire russe, Vladimir Youssiev, estime que Washington cherche à affaiblir les relations tripartites chez la République islamique d’Iran, la Russie et la Turquie. Selon cet expert russe, le premier objectif de la Maison-Blanche serait de renforcer sa position en Syrie en profitant des relations ternies parmi Téhéran, Moscou et Ankara.
Après l’effondrement de l’ex-Union soviétique, deux tendances différentes semblaient exister à Moscou en ce qui concernait les relations avec l’Iran : certains politiciens russes voyaient en l'Iran un « allié fiable face aux ennemis communs », tandis que pour les autres l’Iran pourrait devenir une « menace au sud » mais aussi un « outil pour équilibrer les relations de Moscou avec l’Occident ».
Ces deux tendances radicalement différentes se montrent selon les experts par deux votes de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU : le premier remontait au 9 juin 2010 quand la Russie a voté pour une résolution anti-iranienne imposant des sanctions à Téhéran et le second datait du 26 février 2018 quand la Russie a apposé son veto à une résolution anti-iranienne proposée par les États-Unis.
Cependant, ces dernières semaines, l’Iran et la Russie semblent avoir franchi des pas décisifs pour renforcer leur coopération dans divers domaines.
Téhéran et Moscou parviennent à un accord initial pour accélérer les projets communs, selon le président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Mohammad Eslami a déclaré que Téhéran et Moscou étaient parvenus à un accord préliminaire sur un cadre approprié pour accélérer leurs projets nucléaires communs.
« Avec les Russes, nous avons convenu d’établir différents mécanismes dans les nouvelles négociations dans le but d’accélérer notre coopération », a déclaré Mohammad Eslami aux journalistes à Moscou à l’issue d’une rencontre, mardi 28 septembre, avec Alexeï Likhachev, directeur général de Rosatom.
« Au cours de la réunion, un accord initial a été conclu pour mener à bien nos projets et programmes nucléaires communs plus rapidement et avec plus de clarté », a déclaré M. Eslami.
Les projets communs, a-t-il dit, comprennent la coopération sur l’utilisation des radiations en médecine et la construction de nouvelles centrales nucléaires en Iran, en particulier l’optimisation de la centrale atomique de Bouchehr qui est déjà opérationnelle et le développement des phases 2 et 3 de cette centrale.
« Nous avons discuté avec la partie russe sur ces questions ainsi que sur nos engagements réciproques », a ajouté le président de l’OIEA.
Sa visite à Moscou est intervenue après des informations non confirmées selon lesquelles les Russes auraient ralenti les travaux de nouveaux projets en Iran pour des raisons financières.
Eslami a déclaré que la partie iranienne avait accepté de remplir ses obligations en ce qui concerne le paiement en temps voulu des fonds afin de mettre fin à un retard de 22 mois qui, a-t-il dit, s’est produit jusqu’à présent dans la mise en œuvre des projets.
La Russie a contribué aux projets de production iranienne d’énergie nucléaire plus que tout autre pays. Les deux parties ont signé un certain nombre de documents en novembre 2014 pour la construction de huit nouvelles centrales nucléaires et l’élargissement de leur coopération dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie atomique.
En novembre 2017, l’Iran a commencé à construire deux autres réacteurs nucléaires à Bouchehr dans le cadre d’un projet conjoint avec la société russe Rosatom.
L’objectif de la République islamique d’Iran est de construire 20 000 mégawatts d’électricité nucléaire pour répondre à la demande croissante d’électricité à l’intérieur du pays et économiser plus de pétrole pour les exportations.
Au de leur rencontre mardi à Moscou, Eslami et Likhachev ont qualifié de « stratégiques » les relations bilatérales. Le président adjoint et porte-parole de l’OIEA, Behrouz Kamalvandi, l’ambassadeur iranien à Moscou, Kazem Jalali, et plusieurs hauts responsables de l’OIEA ont également assisté à la réunion de Moscou.
« La coopération progresse bien entre les deux pays dans le domaine des activités nucléaires pacifiques, y compris la construction et le développement de centrales nucléaires, et cette coopération devrait être élargie davantage », a déclaré Mohammad Eslami lors de la réunion.
Le haut responsable iranien a exprimé l’espoir que les deux parties renforceraient et accéléreraient le processus de coopération grâce à des consultations régulières.
Alexeï Likhachev s'est également félicité de l’approfondissement des relations bilatérales, en particulier dans le domaine de l’énergie nucléaire pacifique.
La réunion de mardi marquait la deuxième rencontre d’Eslami avec Likhachev en moins d’un mois. La semaine dernière, les deux hommes se sont rencontrés en marge de la 65e session ordinaire de la Conférence générale de l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.
M. Eslami a qualifié cette réunion de « constructive » et « amicale » et a souligné l’importance de la production d’électricité nucléaire pour l’Iran.
Il a déclaré que pendant sa visite en Russie il discuterait en profondeur des moyens de coopérer et d'accélérer les progrès dans les nouvelles unités de la centrale iranienne de Bouchehr.
Eslami est arrivé à Moscou plus tôt mardi pour rencontrer Alexeï Likhachev, président de Rosatom et de hauts responsables russes.
À son arrivée à Moscou, il a rejeté l’appel de Washington à Téhéran d’accorder l’accès aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique à l’un de ses sites nucléaires.
Eslami a déclaré que « les pays qui n’ont pas condamné les actes terroristes contre un site nucléaire iranien ne sont pas qualifiés pour commenter les inspections de ce site ».